Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Messe à la Maison Marie-Thérèse

Dimanche 25 juin 2023 - Maison Marie-Thérèse (14e)

 12e dimanche du Temps Ordinaire – Année A

- Jr 20, 10-13 ; Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35 ; Rm 5, 12-15 ; Mt 10, 26-33

Frères et Sœurs,

Ce chapitre 10 de l’évangile de saint Matthieu, dont nous entendons la lecture pendant ces dimanches, constitue le programme de mission donné par Jésus à ses apôtres.

Dimanche dernier, nous avons entendu comment il a choisi, parmi les disciples, 12 hommes, qu’il a appelés, nommément, un par un, pour devenir ses apôtres. Il ne s’agissait pas de leur fournir une récompense, ou un statut, ou un rôle, comme le croyait la mère des fils de Zébédée qui espérait que ses fils auraient les premières places, il s’agissait de leur confier une mission. Au long de ce chapitre 10 de saint Matthieu, cette mission se manifeste d’une façon qui n’est pas très gratifiante : ils seront traduits devant les tribunaux, ils seront tentés de ne rien dire, de rester cachés, d’être des chrétiens de l’ombre, ou des chrétiens implicites, ou des chrétiens muets, ils seront tentés de renier le Christ, comme Pierre le fera au moment de la Passion. Bref, ils seront tentés d’esquiver la mission qu’ils ont reçue. Jésus est obligé - avant de les envoyer - de les prémunir contre ces risques de la mission et de leur rappeler qu’ils sont envoyés par le Père, qu’ils n’ont pas besoin d’avoir peur, qu’ils ne doivent pas craindre, parce que tout ce qui leur appartient, tout ce qu’ils sont, est dans la main de Dieu. Et c’est Dieu qui dispose de toute chose pour eux.

Dans cette période, où le Pape François invite l’Église à une réflexion synodale, et pas seulement à une réflexion mais à une pratique synodale, il est bon pour nous de revenir à la source du ministère apostolique. Il ne s’agit pas de distribuer des fonctions et des rôles, il s’agit de donner une mission, et une mission qui est exposée, une mission dont nous verrons dimanche prochain qu’elle peut aller jusqu’à la mise à mort. Il s’agit de trouver les hommes à qui Dieu demande de tout quitter. Il s’agit pour le Christ de choisir, lui-même, qui il veut, d’appeler qui il veut, et de consacrer qui il veut. Il ne s’agit pas de l’organisation des pouvoirs publics, ni de la vie en société, il s’agit de la grâce sacramentelle qui découle de l’appel du Christ et de son envoi en mission. Et c’est dans cette grâce sacramentelle que les membres de l’Église, tous les membres de l’Église, reçoivent leur part de cette mission, reçoivent des rôles en fonction de leur état de vie, de leurs compétences, de leur disponibilité, de leur générosité, et aussi de leurs limites. C’est dans cet esprit que le Pape nous invite à raviver l’esprit synodal de l’Église, et le mettre en pratique.

J’ajoute que, dans cette période qui est le moment de l’année où se célèbrent les ordinations des prêtres, il est particulièrement important pour nous de mesurer comment ces jeunes hommes - enfin, ils ne sont plus si jeunes, mais pour nous ce sont des jeunes hommes - ont été appelés un par un par le Christ, non pas pour partager le pouvoir, ni pour prendre le pouvoir sur les autres, mais pour devenir ses témoins et pour accepter, dans toutes les dimensions de leur vie, que ce témoignage structure leur existence.

Demain nous aurons la grâce d’accueillir les nouveaux prêtres ordonnés pour le diocèse de Paris. Ils viendront concélébrer avec nous. Ce sera une joie pour nous de voir ceux que le Christ a appelés. Ce sera aussi, pour nous, une occasion de rendre grâce de l’appel qu’il n’a pas cessé d’adresser à travers les âges jusqu’à nous, et une occasion de prier pour que cette appel continue d’être entendu, d’être accepté, et d’entraîner des hommes généreux à tout laisser, tout, pour donner leur vie à l’Évangile.

Amen.

+André cardinal Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris

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