Méditation au pied de la croix avec Charles de Foucauld

Le Vendredi saint 15 avril 2022, Mgr Georges Pontier, administrateur apostolique, a présidé une méditation autour des textes de Charles de Foucauld à l’intérieur puis sur le parvis de Notre-Dame de Paris.

Le Chœur d’adultes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris était sous la direction de Henri Chalet.

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Méditation sur le parvis

En ce Vendredi Saint meurtri par tant de blessés et de morts, par tant de violences et de victimes innocentes, nous voici devant la Cathédrale Notre-Dame, elle aussi ravagée par l’incendie il y a trois ans, et nous sommes invités à contempler le mystère de la Croix en portant dans notre prière, les victimes des guerres, celles de la pandémie, toutes celles de nos égoïsmes et de nos violences.

C’est le bienheureux Charles de Foucauld, qui sera canonisé dans un mois qui va guider notre prière. Ces textes sont des extraits de ses méditations, fruits de sa prière ; Frère Charles cherche, creuse, boit, savoure cette eau de la grâce qu’il a découvert aux pieds de Jésus.

Parce que nous sommes profondément touchés par toutes les épreuves que nous sommes en train de vivre, le Frère Charles veut nous partager cette grâce d’intériorité avec Jésus de Nazareth.

Première méditation

Où est-il ton Dieu ?

Mon Dieu, que vous êtes bon de conduire ainsi vos serviteurs dans toutes leurs voies ; tantôt vous les conduisez par des moyens naturels, comme quand vous amenez la Sainte Famille à Bethléem pour un recensement, tantôt vous les guidez par des moyens surnaturels comme ici : tout est entre vos mains, les empereurs païens comme les saints Anges, et vous vous servez de tout à votre gré pour conduire à leur fin, par les voies que vous voulez, les âmes de bonne volonté. Ayons confiance. Quand nous sommes dans les ténèbres, la nuit, gardons-nous de nous décourager, soyons persuadés que Dieu veille sur nous et nous guidera toujours, soit que nous nous en rendions compte, soit à notre insu, pourvu que nous soyons fidèles.

Que de ténèbres, que de nuits ! Comme il est difficile parfois d’avoir confiance en toi Seigneur. Fais grandir en nous la foi.

Deuxième méditation

Soutenons nos frères dans leurs croix par tous les moyens possibles, à l’exemple du bon Samaritain, de Simon de Cyrène, de sainte Véronique, comme nous aimons à être soutenus nous-mêmes dans nos croix, comme Notre Seigneur voulait que ses disciples « veillassent avec Lui » dans son agonie, comme Il a consolé, défendu, guéri, fait du bien de toute manière à tous ceux qui l’ont approché, nous souvenant que « tout ce que nous ferons à l’un de ces petits, nous le faisons à Jésus »...

Conformons notre volonté à celle de Dieu.

Face à tant de drames qui nous entourent Seigneur, ouvre nos cœurs pour que nous puissions voir les détresses qui sont auprès de nous. Fais grandir en nous la charité.

Troisième méditation

« Je vous laisse ma paix... Que votre cœur ne se trouble pas et ne craigne pas. »

Mon Dieu, que vous êtes bon ! Que nous laissez-vous ? Quel est ce don suprême ? La paix !... Vous êtes le Dieu de paix, les prophètes l’avaient prédit.
Quand vous paraissez parmi vos disciples, vous leur dites : « La paix soit avec vous » ; au moment de mourir vous leur dites : « Je vous laisse la paix, ma paix, pas celle que le monde donne. » Qu’est-ce donc que cette paix différente de celle que donne le monde ?

Cette paix, c’est celle que donne votre amour ; c’est la paix profonde et surabondante qu’éprouve l’âme qui vous aime, au milieu de tous ces maux.
Célébrant :

Seigneur, nous avons besoin de ta paix, fruit de ton Esprit. Cette paix intérieure qui nous empêche de succomber à la tentation du désespoir. Seigneur, fais grandir en nous l’Espérance.

Quatrième méditation

Vous qui « êtes venu porter le feu sur la terre », et dont l’unique désir était de le voir s’enflammer, « Que veux-je, sinon qu’il s’allume ? », votre don suprême, c’est ce feu même et ses effets, c’est l’amour de Dieu et la paix suprême que produit cet amour, la paix supérieure aux souffrances, non la paix sans la guerre, mais la paix malgré la guerre, dans la guerre, au-dessus de la guerre, la paix de l’âme ayant, par l’amour, sa vie tout entière dans le ciel, et jouissant ainsi de la paix du ciel malgré tout ce qui peut se passer sur la terre autour d’elle ou contre elle.

Plus jamais la guerre de par le monde ! Seigneur, entends notre prière. Toi seul peux nous donner la paix tant désirée ; mais pour cela, il nous entrer dans ton Amour.

Cinquième méditation

La prière de Jésus et la nôtre.

Jésus prie... Jésus prie avec ses apôtres... et pourtant Il prie isolément à l’écart d’eux... Toute notre vie est une prière, une contemplation amoureuse et adorante de Jésus que rien ne doit interrompre ; mais dans les moments graves, quand une décision grave est à prendre, un événement grave prêt à arriver, surtout dans les moments suprêmes, la prière doit redoubler plus que jamais, alors il faut se jeter, se plonger dans la prière, et attendre de Dieu, seul Être et seule force, tout notre secours. Si nous le pouvons, dans ces moments, ne prions pas seuls, prions avec quelques âmes ferventes, car, « quand on se réunit deux ou trois pour prier ensemble, Jésus est au milieu d’eux, et Il accorde ce qu’on demande »… mais tout en étant plusieurs à prier ensemble pour le même objet, prions en silence, chacun répandant silencieusement notre cœur aux pieds de Dieu ; prions ensemble, mais isolément, pour laisser à nos cœurs pleine liberté de s’exhaler, de s’élancer vers Dieu sans nulle distraction, nul souvenir d’aucun objet créé, dans toute leur simplicité, dans leur élan le plus naturel, le plus familier, l’abandon le plus complet.

Vous nous apprenez à prier, mon Dieu... à prier sans discours étudiés, sans phrases, sans recherches - un simple cri du cœur, une seule parole qu’on redit sans cesse en la terminant toujours par ces mots : « Toutefois non ma volonté, mais la vôtre ! »

En ce Vendredi Saint, nous voulons Seigneur entrer dans votre silence. Nous sommes venus ce matin vénérer votre Croix qui nous sauve ; Croix rayonnante et glorieuse.

Sixième méditation

« Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains » (Luc 23, 46.)

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous donner à votre dernière minute une dernière leçon... leçon d’obéissance, leçon d’amour, leçon de paix, leçon aussi qui nous apprend que tout en s’oubliant beaucoup, il ne faut pas s’oublier toujours, mais réserver aussi des moments à notre entretien intime avec Dieu, à notre sanctification, à notre vie intérieure d’union à Dieu, des moments où nous ne pensons qu’à Dieu et à nous comme si nous étions seul avec Lui seul, dans l’univers. Merci, mon Dieu, de nous avoir donné cette divine parole, la dernière de votre vie mortelle et qui résume toute votre vie : C’est celle de votre naissance : « J’ai dit : Je viens pour faire votre volonté » ; c’est celle de toute votre vie.

Septième méditation

Remettons amoureusement tout notre être entre les mains de Dieu, dans une obéissance absolue à sa volonté accomplie par amour envers Lui, notre Bien­ Aimé, et par devoir envers Lui, notre Créateur et notre Dieu... Disons-Lui à toute heure : Père, je remets mon âme entre vos mains... Et à toute heure souvenons-nous de l’amour que Notre Seigneur nous a témoigné du haut de la croix, des souffrances qu’il y a souffertes pour nous, de l’obéissance qu’il a rendue à son Père toute sa vie, de la confiance avec laquelle il veut que nous nous abandonnions à l’unique « recherche du royaume de Dieu et de sa justice », remettant d’ailleurs en tout notre âme entre les mains de Dieu, ne cherchant que sa volonté, que sa gloire, que le plus parfait et nous remettant en tout entre ses mains pour tout le reste ; de la paix avec laquelle Il dit ces paroles, voyant le ciel s’ouvrir à Lui, ciel qui s’ouvrira aussi pour nous, si nous mourons dans la foi, l’espérance, et la charité... Que cette parole de paix, de confiance, surtout d’obéissance et d’amour soit la parole de tous les instants de notre vie et celle de notre dernier instant à votre exemple, ô Bien-Aimé Jésus, et pour votre amour, ô Bien-Aimé Jésus !

Seigneur, ce matin nous voulons nous offrir à ton amour miséricordieux. Nous croyons que tu es là, avec nous, à côté de nous pour nous redonner la paix au cœur des tempêtes.

Huitième méditation

« Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ce qu’on aime », disiez-vous il y a quelques heures…

Oh ! mon Dieu, merci, merci, merci ! Comme je rougis, mon Dieu, de mon pauvre merci ! Qu’est-ce qu’une parole pour remercier d’un tel don, d’un tel amour. Oh ! mon Dieu, je me donne à Vous, sans limite et sans réserve, je vous donne mon corps et mon âme, ma vie, tous mes instants, tout mon être, tout ce que j’ai... je vous donne mon cœur pour que vous y régniez seul. Je vous aimerai seul en vue de Vous et toute autre chose seulement à cause de vous, parce que vous le voudrez et autant que vous le voudrez !...

Neuvième méditation

Contemplons le visage transfiguré du Seigneur.

Mon Dieu, je vous aime : la chose que je désire le plus au monde c’est votre bonheur : or voici que vous êtes infiniment heureux pour l’éternité : je jouis pleinement de ce que je désire le plus au monde : quoi qu’il arrive aux autres ou à moi, j’ai en votre résurrection, en votre bonheur infini et éternel une source de bonheur intarissable, un fonds de bonheur que rien ne peut m’ôter : quoi qu’il puisse m’arriver, arriver aux autres, mon plus grand désir, mon souhait le plus ardent de beaucoup, le besoin de mon âme le plus profond sans comparaison, est pleinement rempli, accompli ; quoi qu’il m’arrive et arrive aux autres j’ai, je possède, je possède pour l’éternité le principal de ce qui constitue mon bonheur, le principal bien que je désire, le bien qui de beaucoup est le plus cher, le plus doux à mon cœur, un bien qui surpasse tous les autres biens, le plus désiré de mes désirs, ce qui fait le fond du bonheur des anges et des saints ; ce qui fera quoi qu’il m’arrive et arrive à tous les autres hommes, de ma vie un ciel, de ma vie un paradis, à la seule et unique condition que je vous aime, et ce qui me fera d’autant plus un ciel que je vous aimerai davantage : ce bien des biens, ce bien désiré par-dessus tout, c’est la certitude de votre bonheur. Je vous aime : vous êtes heureux ; je suis heureux, ô mon Bien-Aimé !

La Croix a une ombre et qui s’appelle aurore. Ce sera la résurrection.
Nous avons suivi le Christ jusqu’à sa mort ; nous le verrons en Gloire.

Que ta bénédiction, nous t’en prions, Seigneur, descende en abondance sur ton peuple qui célèbre la mort de ton Fils dans l’espérance de sa propre résurrection :
Accorde-lui pardon et réconfort et augmente sa foi, par le Christ notre Seigneur.


Les méditations sont extraits des Œuvres Spirituelles de Charles De Jésus, Père de Foucauld : Anthologie publiées par L’association Charles de Jésus, Père de Foucauld. Préface de S. E. Mgr de Provenchères, textes réunis par Denise Barrat, Éditions du Seuil, Paris, 1958.


 Dossier “Charles de Foucauld”.

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