Maison Marguerite-Marie

Dans le 6e arrondissement de la capitale, le diocèse de Paris a lancé un vaste projet immobilier destiné à accueillir un pôle de solidarité, abritant plusieurs associations.

 Lire l’article “Maison Marguerite-Marie : poumon de fraternité en cœur de ville” de Paris Notre-Dame du 16 novembre 2023.

De manière ininterrompue, avec la présence des premiers disciples du Christ dans notre ville, les chrétiens ont eu à cœur d’aider tous les hommes et toutes les femmes en situation de précarité, sans distinction de race, de religion ou de situation sociale. Ainsi, la personne pauvre est-elle reconnue dans sa dignité car c’est la figure du Christ qui est reconnue en chacun des plus petits : « Chaque fois que vous l’avez fait (le bien) à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40). Ce projet souhaite manifester l’amour du Christ pour tous.

Apprendre à vivre ensemble au-delà de nos différences d’âge, de culture, d’origine sociale, de religion, de convictions, et de caractère. Apprendre à construire ensemble une société où chacun a sa place et peut construire son avenir. Voilà de grands défis pour notre société aujourd’hui !

Ce sont précisément ces défis qu’essayent de relever les trois associations qui seront présentes sur le site en proposant à des personnes ayant des fragilités et à des jeunes volontaires d’apprendre à vivre ensemble le quotidien. Chacune de ces associations veut contribuer à l’intégration d’un public bien identifié.avec la même approche : le partage du quotidien par des personnes qui auraient pu rester indifférentes ou lointaines les unes des autres et qui ont choisi cette aventure du partage d’un même toit.

Ici seront vécues des valeurs communes : l’amitié à travers la recherche de relations gratuites et fraternelles, le respect de chacun en tenant compte de sa singularité et de son projet de vie, la convivialité à travers la proposition faite à tous de s’intégrer dans une vie de groupe et des projets collectifs, la complémentarité entre bénévoles et professionnels…

En élargissant encore il faudra que cette expérience du « vivre ensemble » s’ouvre sur la Cité, et qu’il y ait donc des temps et des lieux pour la rencontre avec les voisins, les amis, les amis d’amis…et tous ceux qui le souhaiteraient. Ainsi une telle réalisation au cœur de Paris témoignera d’un projet de société ou la personne fragile et différente nous invite à une relation de confiance pour construire ensemble une société inclusive et fraternelle.

Plan du quartier
© Agence Duthilleul

Une maison ouverte à la solidarité

Association Marthe & Marie

Colocation solidaire avec des femmes enceintes et jeunes mères en difficulté.

Association pour l’amitié

Colocation solidaire avec des personnes en situation de précarité.

Association Simon de Cyrène

Colocation solidaire avec des personnes en situation de handicap.

Le patrimoine

Histoire du lieu

Au XVIIIe siècle est construit un hôtel particulier sur un terrain qui comportait vraisemblablement une petite maison le long de la rue de Vaugirard dont il reste encore les caves.

Peu avant la révolution la famille Clermont-Tonnerre acquiert l’hôtel et l’aménage en pavillon de chasse avec remise et écurie.

En 1819 la Communauté des Sœurs de la Visitation achète ce pavillon, rase l’écurie et la remise pour construire la chapelle ; puis en 1836 l’hôtel particulier est surélevé de deux niveaux.

La parcelle voisine (aujourd’hui le 110 bis rue de Vaugirard) est acquise en 1867 afin de permettre la construction d’un pensionnat de jeunes filles. Le financement est assuré par divers donateurs dont principalement la Comtesse de Ségur.

Entre la fin du XIXe siècle et les années 1930 les Sœurs construisent divers bâtiments d’usage (infirmerie, blanchisserie, vacherie…). En 1995 elles transforment la vacherie en logements.

La restitution des bâtiments du monastère

Le projet de l’architecte a pris en compte la volonté du diocèse de laisser percevoir l’hôtel particulier d’origine et sa transformation en monastère avec clôture religieuse. Pour cela est sauvegardé tout ce qui permet la mise en place des deux cours historiques ainsi que la chapelle et la surélévation de l’hôtel. Par ailleurs est maintenu le pensionnat de jeunes filles ainsi que les caves préexistantes à l’hôtel.

Ainsi a été recherché la restitution de l’état du monastère tel qu’il était en 1867.

© Agence Duthilleul

Le projet

Le jardin est l’élément fédérateur de tout le projet : toutes les habitations des associations, ainsi que le foyer pastoral sont tournés vers lui et il offre à chacun les espaces de proximité dont il a besoin. Il a toujours constitué une « terre nourricière » pour les occupants du site. Le projet prévoit de lui conserver ce rôle au profit de ceux qui vont venir s’installer tout autour : Le potager qui occupait une partie du site, le verger profitant de la chaleur des murs, seront remis en place, une fois les terres polluées traitées.

La restitution du jardin
© Agence Duthilleul

Mais cet espace vert protégé de 4000 m² constitue aussi un remarquable morceau de nature au cœur du quartier. Aussi il est proposé qu’il soit rendu accessible au public pendant la journée grâce à la création d’un cheminement traversant Nord-Sud. Le public pourra accéder au jardin au nord par la rue de Vaugirard en longeant la chapelle par le passage créé « Don Bosco » et au sud par la rue du Cherche-Midi en passant sous le porche créé dans le bâtiment nouveau construit à l’alignement de la rue. Ce passage constituera aussi un moyen de traverser aisément le grand îlot parisien très opaque auquel appartient la parcelle, entre le boulevard du Montparnasse et la rue Ferrandi.

Ainsi, le cœur de l’opération constituera un lieu de rencontre et d’échange entre les occupants du site, mais aussi avec les habitants du quartier.

La venelle aménagée le long de la chapelle pour entrer dans le jardin depuis la rue de Vaugirard, est un seuil végétal planté d’arbres fastigiés, annoncé tout près de la rue par un arbre signal.

  • L’allée centrale, axe formé par l’ancienne allée des tilleuls est affirmée et prolongée. Elle relie l’ancien hôtel particulier à la cour de la rue du Cherche Midi, et distribue les différentes scènes et espaces réservés ou ouverts au public.
  • Le square, situé à l’est de cette allée est ouvert au public. C’est aussi une aire de jeux pour enfants dans laquelle ces derniers peuvent s’exercer sur des structures simples de bois, grimper, escalader, toucher sans parcours obligé.
  • Le bois, aujourd’hui ombragé de marronniers restera dans sa configuration en terrasse mais sera replanté au gré des prélèvements sanitaires par des chênes en reconduisant la trame existante.

Les jardins nourriciers, vivriers, fruitiers et légumiers, ou bouquetiers, témoignent de la volonté de constituer ce territoire en support de sociabilisation, de réinsertion et de production selon des méthodes respectueuses de la vie.

Le dessin de principe, carrés de culture et succession de prés fleuris respectivement parallèles et perpendiculaires à l’allée, est une trame confiée aux associations gestionnaires en s’appuyant sur les caractéristiques du lieu : exposition, utilisation des murs comme support d’espaliers.

Les cours sont les espaces d’entrée sur le site. Du côté de la rue de Vaugirard la cour aujourd’hui plantée voit son caractère de jardin de senteurs confirmé. Une autre cour est créée côté nord entre le nouvel immeuble le long de la rue de Vaugirard et l’immeuble existant intitulée « le préau ». Du côté de la rue du Cherche-Midi, une cour plantée permet d’organiser la prise en charge des personnes à mobilité réduite par les véhicules à l’abri des contraintes de circulation sur un simple sol stabilisé.

La composition du site a d’abord pris en compte la volonté de laisser percevoir l’hôtel particulier d’origine et sa transformation en monastère avec clôture religieuse. Pour cela, est sauvegardé tout ce qui permet la mise en place des deux cours historiques ainsi que la chapelle et la surélévation de l’hôtel. Par ailleurs, le pensionnat de jeunes filles est maintenu afin de témoigner de l’activité du monastère à partir de la seconde moitié du XIXème. Enfin les caves préexistantes à l’hôtel particulier sont conservées. Ainsi c’est la restitution de l’état de 1867 qui est recherché L’ensemble de ces bâtiments conservés accueille essentiellement de l’habitation.

Leur accès est maintenu depuis la rue de Vaugirard.

Dans le pavillon de chasse une cafétéria associative est aménagée au rez-de-chaussée du bâtiment entre cour et jardin.

Pour créer un cheminement public de la rue vers le jardin, une interruption du bâti sur la rue est créée. La façade est de la chapelle est ainsi dégagée. Des prises de jour, à une hauteur du plancher d’environ 4m, sont rétablies sur cette venelle.
Un ravalement des façades existantes est prévu en enduit plâtre et chaux teinte blanc cassé ainsi que le remplacement des menuiseries en bois teinte gris clair.. Les toitures sont en zinc.

La chapelle conserve sa destination.

Les bâtiments existants
© Agence Duthilleul

Au bord de ce jardin sont installés deux bâtiments nouveaux : Celui de l’APA qui occupe l’emplacement de l’ancienne infirmerie et se trouve mitoyen de la parcelle du 108 rue de Vaugirard, et le Foyer Pastoral, blotti à l’ouest du site derrière le verger qui, lui, se trouve mitoyen des parcelles du 112 rue de Vaugirard et 95 rue du Cherche-Midi.

Le bâtiment de l’APA reprend la morphologie de l’infirmerie : une grande maison en accompagnement du bâtiment historique principal. Elle abrite au rez-de-chaussée et au R+1 deux duplex accessibles par un petit porche central commun, espace intermédiaire entre le jardin et l’habitation. Au 2e étage, sous comble, une troisième habitation en colocation est accessible par la circulation verticale (escalier et ascenseur) déjà citée, située sur le pignon est de l’ancien monastère. Sous le bâtiment est prévu un espace de stockage.

Son accès se fait par la rue Vaugirard par la venelle créée.

Ses façades sont revêtues d’un enduit plâtre et chaux teinte blanc cassé , percées d’ouvertures en menuiserie et volet en bois teinte gris claire, et couvertes d’une toiture en zinc.

Le Foyer pastoral situé derrière le sous-bois, est dans la situation d’un atelier comme on en trouve dans le quartier de Montparnasse. Il en a la morphologie et présente les mêmes matériaux en façade : bois et verre. Les grandes fenêtres orientées sur le jardin sont en menuiserie bois et sont protégées par des bannes teinte grise . Construit en structure bois avec une toiture en zinc, il abrite au rez-de-chaussée 5 chambres de résidents ponctuels donnant directement sur le jardin ainsi qu’une salle commune à tous les occupants. Les étages abritent 10 chambres des résidents et deux logements de responsables du site. Un espace technique est prévu en sous-sol sur 1/3 de l’emprise du bâtiment.

Son accès se fait par la rue de Vaugirard et le passage pompier longeant la limite de propriété ouest.

Façades du bâtiment de l’APA et du foyer pastoral
© Agence Duthilleul

Le bâtiment neuf de la rue du Cherche-Midi est conçu spécialement pour accueillir les appartements destinés à accueillir des personnes handicapées hébergées par l’association Simon de Cyrène. Du 1er étage au 4e étage se trouvent les trois colocations composées de personnes handicapées et d’accompagnants. Ces niveaux sont séparés en deux zones chacune desservie par une cage de circulation verticale (escalier et ascenseur). Au centre, s’organise la pièce à vivre traversante avec des vues au nord sur la rue du Cherche-Midi et au sud sur le jardin. Au 5e étage et 6e étage, sont aménagées les salles d’activités, les salles de réunion et les locaux du personnel nécessaires au fonctionnement de la résidence (logements foyers). Le rez-de-chaussée abrite, outre deux commerces sur la rue, les halls d’accès aux deux circulations verticales, les locaux de service, 3 studios pour des handicapés et une chambre d’accompagnant.

Un porche marque l’entrée sur le jardin et permet l’accès à la cour intérieure aux véhicules chargés récupérer les personnes à mobilité réduite. Sur la rue l’immeuble se situe dans le prolongement des hôtels particuliers qui, depuis la rue Ferrandi, constituent la façade sud de l’espace public.

Pour continuer cette histoire en notre siècle, la façade de l’immeuble nouveau prend la forme d’une grande grille de pierre épaisse de 15 m de haut dont les horizontales prolongent celles des immeubles avoisinants et dont les verticales complètent la perspective des percements verticaux de la rue. Cette grille de pierre se prolonge à l’est par un panneau plein qui organise la transition avec l’immeuble haut du 91 de la rue. A l’ouest, elle se raccorde au petit pavillon d’entrée de l’hôtel particulier du 95 de la rue. Au droit de cet hôtel, la façade se retourne sur 15 m de haut sur un mur de même hauteur qui constitue le vis-à-vis de l’autre pignon encadrant le 95. Les étages supérieurs au-delà de 15 m sont en retrait tant sur la rue que sur le mur en retour afin de dégager l’hôtel particulier du 95. L’ensemble des menuiseries est en bois teinte gris clair et protégé par des bannes couleur ambre.

Façade du bâtiment sur rue du Cherche-Midi
© Agence Duthilleul

Le bâtiment neuf situé rue de Vaugirard abrite au rez-de-chaussée un équipement petite enfance. Ces locaux font suite à une demande du Maire de l’arrondissement ; ils s’inscrivent dans le projet car une convention sera passée avec l’association Marthe et Marie au profit des jeunes mères hébergées sur place. Dans les étages un ensemble de logements de typologies variées (1P au 5P), du R+1 au R+7 destinés à la location est réalisé.

Cet immeuble est dans une situation urbaine marquée par une rupture typologique : sur son ouest, des immeubles récents assez hauts, aux traitements de façades contrastés et avec des marges de recul sur la rue variées. Sur son est, l’entrée de l’ancien hôtel particulier remise en valeur, puis des immeubles plus basaux modénatures parisiennes plus classiques. Il constitue donc clairement une transition.

Par ailleurs cet immeuble est en quelque sorte rue de Vaugirard le pendant de l’immeuble nouveau du 93 rue du Cherche-Midi dans la mesure où il annonce le domaine arboré que l’on peut parcourir en allant d’une rue à l’autre par la petite venelle aménagée sur le flan est de la chapelle puis à travers les arbres.

Ces deux considérations ont amené à composer sa façade selon les mêmes principes que celle étudiée côté Cherche-Midi : une grande grille de pierre épaisse, constituant un ensemble de baies en menuiserie bois teinte gris clair alignées sur les lignes de force horizontales des immeubles voisins. Au-dessus de cette façade de 18 m à l’alignement de la rue, les étages en retrait présentent une trame de percements les constituant en simple couronnement léger du dispositif en enduit. Comme pour le bâtiment sur Cherche-Midi, la toiture est traitée en terrasse plantée et des bannes teinte ambrée animent la façade.

Côté nord cet immeuble compose avec les bâtiments préexistants restitués en constituant deux cours. Celle de l’ouest permet d’accueillir en son centre un ensemble de stationnement de vélo sous abri facilement accessible depuis la rue de Vaugirard. Celle de l’est est la cour noble de l’ancien monastère ou les niveaux bas restaurés permettent de rendre lisible le pavillon de chasse initial.

Les mitoyennetés avec le bâtiment de l’ancien pensionnat s’organisent de façon très simple : à l’ouest sur la petite aile en retour existante et à l’est à l’emplacement de l’ancien ajout supprimé mais en laissant dégagé le dernier niveau existant

Façade du bâtiment sur rue de Vaugirard
© Agence Duthilleul

Le futur jardin

© Agence Duthilleul

Média

 Lire l’article “Un pôle solidaire en plein cœur de Paris” de Paris Notre-Dame du 26 juillet 2018.
 Lire l’article “Maison Marguerite-Marie : poumon de fraternité en cœur de ville” de Paris Notre-Dame du 16 novembre 2023.

Informations

Maison Marguerite-Marie
110 rue de Vaugirard, 75006 Paris
MaisonMargueriteMarie@diocese-paris.net