Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe à la Maison Marie-Thérèse

Dimanche 28 novembre 2021 - Maison Marie-Thérèse (14e)

– 1er dimanche de l’Avent – Année C

- Jr 33, 14-16 ; Ps 24 (25), 4-5ab, 8-9, 10.14 ; 1 Th 3, 12 – 4, 2 ; Lc 21, 25-28.34-36

Frères et Sœurs,

En ce temps de l’Avent nous célébrons et nous préparons la célébration de la nativité du Christ, de la venue de Dieu dans notre humanité. Nous savons qu’il n’est pas venu dans la puissance pour écraser tout ce qui s’opposait à lui, nous savons qu’il est venu comme un pauvre, comme un serviteur, et qu’il a été serviteur jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie par amour pour ses frères. Ainsi, avec sa mort sur la croix, sa résurrection, l’envoi de son Esprit, tout est accompli comme dit l’Écriture.

Tout est accompli, et cependant tout n’est pas fini, car depuis ce temps, deux millénaires, l’histoire des hommes continue. Depuis ce temps, nous attendons le retour du Christ dans sa gloire. Et l’on peut être tenté de considérer que ce temps qui passe, entre la victoire du Christ sur la mort et son retour glorieux, c’est du temps perdu. Cela ne sert à rien, cela peut durer un millénaire, deux millénaires, dix millénaires, cela n’a strictement aucune importance.

Pourtant, saint Pierre nous dit dans une de ces épîtres que Dieu n’est pas en retard mais que sa patience est à l’œuvre pour permettre au cœur des hommes de revenir à lui. S’il y a un sens à ces millénaires qui s’écoulent, c’est bien celui de permettre le retour à Dieu pour ceux qui ont péché, c’est-à-dire pour nous. C’est un temps de miséricorde et de patience que Dieu nous donne pour que nous ayons encore une chance d’être parmi ceux qui accueilleront le Christ glorieux comme un libérateur et non comme un juge.

Il vous arrive peut-être, à certains moments, de vous demander ce que vous faites là. À quoi bon ces années de handicap, de fatigue, de difficultés en tout genre ? À quoi bon durer, si c’est pour ne rien produire ? C’est la question que notre célébration de la venue du Christ nous invite à poser. Il est venu dans le temps une nuit à Bethléem, il reviendra dans la gloire, mais entre les deux, le temps qui passe n’est pas du temps perdu, ce n’est pas du temps inutile, c’est un temps où se prépare l’avènement du Christ, c’est un temps où il vient, chaque jour. Il vient par sa parole, il vient par les sacrements qu’il nous partage, il vient par l’Esprit-Saint qui habite nos cœurs, il vient aujourd’hui pour chacune et chacun d’entre-nous. Oui, ce jour que nous vivons n’est pas un jour inutile, ce n’est pas un jour qui ne sert à rien, c’est un jour où le Christ vient à nous et où il advient dans notre vie pour prendre toute sa place.

Qu’est-ce que nous avons à faire ? Saint Paul le dit aux Thessaloniciens : « Pour le reste je vous ai dit comment vous conduire » (1 Th 4,1). Il n’est pas besoin d’inventer chaque jour des nouveautés pour dire comment accueillir le Christ. Nous le savons. Dans notre intelligence, dans notre esprit, nous savons comment il vient, comment il frappe à notre porte, comment nous pouvons lui ouvrir la porte pour qu’il prenne place avec nous à notre table. Tout cela, nous l’avons appris dans l’évangile et nous le connaissons par cœur. La question à laquelle nous sommes confrontés n’est donc pas de résoudre une énigme, c’est de décider notre cœur !

Le temps qui nous est donné n’est donc pas un temps inutile, c’est un temps de conversion. Ces quatre semaines d’Avent que nous allons vivre sont simplement une sorte de cristallisation de cet état de conversion auquel nous sommes invités. Aujourd’hui, le Christ vient à nous. Aujourd’hui, ouvrirons-nous nos cœurs pour l’accueillir ? Aujourd’hui, conformerons-nous notre vie à sa venue ? Aujourd’hui, c’est le jour du Christ. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris

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